La saison estivale va conduire à des fermetures d’établissements, à des retours imposés en familles voire à la mobilisation des familles pour contribuer à l’accompagnement en établissements. Comment certaines familles, âgées, épuisées, vont-elles y arriver ?
Ces séjours imposés en famille se dérouleront alors même que le secteur de l’aide à domicile annonce déjà son incapacité à faire face.
Dans le même temps, les hôpitaux ferment les urgences et des lits.
Que se passera-t-il en cas de besoin d’hospitalisation pour des soins médicalisés qui ne pourraient pas être effectués, par des parents, à domicile ?
Nous assistons impuissants à un retour en arrière de plusieurs décennies. Cela fait des mois que nous appelons à l’aide, que nous appelons à considérer tous ces professionnels qui accompagnent les personnes en situation de handicap. Nous leur avons rogné les ailes, nous les avons lassés, désenchantés…La Covid n’a servi que de révélateur !
Comment, dans ces conditions, pouvons-nous encore parler d’inclusion, de choix, d’innovation et de transformation de l’offre alors que les fondamentaux d’un accompagnement humain ne sont plus respectés ?
Les projets associatifs sont réduits à néant, mobilisant les ressources disponibles pour un simple service de « nursing » au détriment des actions qui enrichissent la vie.
Les revalorisations salariales, maintes fois promises et notamment lors de la dernière conférence des métiers du social et du médico-social en mars dernier, ne sont toujours pas concrètement mises en œuvre sur le terrain alors même que le niveau de l’inflation a explosé paupérisant encore un peu plus un secteur à la dérive.
C’est dans cet esprit que je viens -au nom de la fédération PARALYSIE CÉRÉBRALE FRANCE - solliciter l’attention et l’appui de la plénière sur cette réalité inquiétante.
Et demander notamment à la Ministre 5 choses :
- de garantir le financement IMMEDIAT des mesures « Ségur » accordées et annoncées et leur extension aux métiers oubliés,
- d’envisager de concert le sort de l’hôpital et celui du secteur médico-social dont les avenirs sont totalement interdépendants notamment pour les ESMS médicalisés,
- d’accélérer les travaux de convergence vers une convention collective unique qui tire vers le haut les carrières et les salaires. L’inertie actuelle est incompréhensible au regard des enjeux.
- de se pencher attentivement sur les conditions de travail des professionnels de l’accompagnement en ESMS pour leur garantir, au-delà des salaires, des conditions de travail convenables : en termes de nombre de professionnels, en termes de formation, et en termes d’encadrement. C’est notamment indispensable auprès des personnes adultes accueillies dans des établissements dont les budgets sont largement inférieurs (-30 %en moyenne) à ceux des enfants.
- de proposer des formations vraiment adaptées a l’accompagnement spécifique des personnes les plus dépendantes, les plus vulnérables qui seront les premiers à payer un lourd tribut à notre incurie passée…
Réenchanter le quotidien des professionnels. Les respecter, enfin ! Ce rêve va-t-il enfin devenir réalité ??
Pour bien accompagner les personnes, il faut des professionnels heureux !
Mamady C.Kaba
VicePrésident -Paralysie cérébrale France